Bribes sur le véganisme : l'antispécisme.
- Le 16/05/2022
Le spécisme et l’antispécisme... qu'est-ce?
Nous vivons dans un monde spéciste (mot inventé en 1970 par Ryder, psychologue britannique), c’est-à-dire que l’homme est placé au-dessus de toutes les autres espèces. Il décrit le spécisme comme l’« idéologie dominante qui prône la supériorité des humains sur les autres animaux, et qui demande qu’on privilégie les intérêts des premiers, aussi dérisoires soient-ils, même quand ils lèsent les intérêts fondamentaux des seconds » (Olivier, 2011). Le spécisme a comme sous-idéologie, le carnisme. « Il est l'éthos, ou l'arrière-plan culturel, qui rend le carnisme possible » (Joy, 2010).
La théorie de l’évolution (« On the Origin of Species », 1859) développée par Darwin montre que la différence entre l’homme et l’animal est une différence de degré et non de nature. Pour Cavalieri (1992), le spécisme est comparable au racisme ; celui-ci viole le principe d’égalité en accordant plus de poids aux intérêts des membres de sa propre race, quand ces intérêts sont en conflit avec ceux des membres d’une autre race (in Jeangène Vilmer, 2010).
À l’inverse, être antispéciste, c’est « ne pas faire de l’appartenance à une espèce un critère discriminant de considération morale ». Bentham (1789) incorpore dans son système éthique la base fondamentale du principe d’égalité morale : « chacun compte pour un et nul ne compte pour plus d’un ». Tous les intérêts d’un être pouvant être affectés par un acte, ceux-ci doivent être pris en compte, quel que soit l’être dont ce sont les intérêts, avec le même poids que le sont les intérêts semblables de tout autre être. À ce propos, il explique, « les français ont déjà découvert que la noirceur de la peau n’est en rien une raison pour qu’un être humain soit abandonné sans recours aux caprices d’un bourreau. On reconnaîtra peut-être un jour que le nombre de pattes, la pilosité de la peau, ou la façon dont se termine le sacrum sont des raisons tout aussi insuffisantes pour abandonner un être sensible à ce même sort. Et quel autre critère devrait-on prendre pour tracer la ligne infranchissable ? Est-ce la faculté de raisonner, ou peut-être la faculté de discourir ? Mais un cheval ou un chien adultes sont incomparativement plus rationnels, et aussi ont plus de conversation, qu’un nourrisson d’un jour, d’une semaine ou même d’un mois. Et s’il en était autrement, qu’est-ce que cela changerait ? La question n’est pas : "peuvent-ils raisonner ?", ni : "peuvent-ils parler ?", mais : "peuvent-ils souffrir ?" » (in Jeangène Vilmer, 2011).
Pour Singer également (2007), « c’est la capacité à souffrir et/ou à ressentir du plaisir qui seule est capable de fournir un critère défendable pour déterminer où doit s’arrêter la prise en compte des intérêts des autres ».
Anne-France Dinant
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