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  • Bribes sur le perfectionnisme : les mécanismes.

    • Le 17/05/2022

    Le perfectionnisme peut être définit comme un schéma cognitif de base qui organise l’information reçue et s’enracine tôt dans la vie en fonction des expériences vécues. Il peut être perçu comme « une croyance erronée qui peut mener à une mauvaise interprétation de l’environnement par l’individu, à des pensées et des émotions négatives et à un comportement autodéfaitiste de l’individu ». 

    Etre perfectionniste n’est pas un problème en soi. C’est l’excès, la rigidité qui va s’appliquer à tout ce que nous faisons, qui risque de poser problème et au final créer un mal être.

    Certaines distorsions cognitives peuvent être retrouvées dans le perfectionnisme :
    Premièrement, la personne a tendance à minimiser ou ne pas reconnaître les aspects positifs de son comportement. Elle se trouve toujours dans une situation où elle n’a pas obtenu ce qu’elle désirait. Si elle réussit, son succès est alors banalisé et elle n’en tire pas de plaisir. Si elle ne réussit pas, elle est frustrée et s’en demandera encore plus lors de la prochaine expérience.
    Aussi, elle dramatise l'importance que revêtirait une erreur si elle en commettait une, et alors, au lieu de parler d’un travail imparfait, elle parlera d’un travail raté. Cela rejoint sa façon de pensée dichotomique. Tout doit être parfait, sinon c’est le rejet et l’échec.
    Elle a un sens exagéré de l'obligation qui se manifeste dans ses pensées automatiques et ses verbalisations sous la forme d'affirmations telles que « il faut ».
    Enfin, elle a également tendance à généraliser à outrance à partir des erreurs qu'elle fait. Selon elle, si elle fait une erreur à un moment donné, elle en fera forcément toujours.
    Le perfectionniste entre dans un système de dépendance à ses actions et aux autres, il doit travailler tous les jours à être quelqu’un de bien (à ses yeux). Sa confiance en soi est conditionnelle : sa valeur dépend de ce qu’il produit, de la manière dont les autres le voient, de ses réussites, …. Il est nécessaire pour un bien-être, de trouver un équilibre entre la confiance en soi inconditionnelle et la confiance en soi conditionnelle. Et ainsi de pouvoir penser que l’on est un être avec des qualités, mais aussi des défauts. La confiance en soi inconditionnelle a été donnée en général précocement par la famille, c’est elle qui sous-tend l’estime de soi.
    Ces façons d'interpréter les choses mènent à des symptômes d'anxiété.


    Voyons plus précisément comment se manifeste le perfectionnisme au quotidien :


    Au niveau du comportement:


    ✓ L’hyperactivité : être toujours en mouvement, en projet.
    ✓ La pression temporelle : ne pas avoir le temps, être toujours en retard, il reste toujours quelque chose à faire. Mauvaise maîtrise du temps.
    ✓ La procrastination : la gestion du temps et de la quantité de travail par journée est mauvaise. Le travail est donc reporté au lendemain.
    ✓ Le plaisir : le plaisir est inconnu. Les tâches rébarbatives sont faites en premier.
    ✓ L’impatience émotionnelle et relationnelle : impossibilité de rester sans rien faire, cela ferait ressentir un vide et de l’angoisse.
    ✓ L’anticipation permanente : vivre en imaginant les problèmes futurs potentiels.
    ✓ La difficulté à déléguer : ne pas faire confiance à l’autre dans la réalisation d’une tâche. 
    ✓ Le manque de repos : la détente n’est pas au programme.
    ✓ La vérification en détail : l’insécurité est une constante et elle s’accompagne de com-portement qui frôlent la compulsion.
    ✓ Ne prend pas le temps de profiter de la vie, des gains : aussitôt un défi accompli, un autre est déjà en tête.
    ✓ Les règles et les structures : elles manquent de souplesse. Certains possèdent des normes sociales et éthiques très élevées 
    ✓ Des atermoiements: les longues hésitations avant de prendre une décision.
    ✓ L’implication démesurée : il ne sait pas où s’arrêter, quand une tâche est terminée. Il relit, retravaille, perd du temps.


    Au niveau des émotions:


    ✓ L’insatisfaction est le problème principal. Celle-ci se renvoyant vers la personne elle-même : elle n’a pas d’admiration envers elle-même, n’est jamais assez ceci ou cela. (Un 17/20, laisse 3 points qui n’ont pas été obtenus et qui auraient du l’être). Et aussi vers les autres : ils ne font jamais assez bien.
    ✓ Le déficit en plaisir et la compétition : dès qu’une activité devient agréable, une compétition démarre pour être le meilleur dans celle-ci. Les attentes deviennent trop élevées et le stress finit par enlever le plaisir.
    ✓ Le vide : il doit être rempli, il est angoissant. Une nouvelle activité doit commencer .


    Au niveau des pensées:


    ✓ La productivité : la valeur des actes est confondue avec la valeur de la personne. C’est « l’estime de soi conditionnée à la productivité ». Aussi, il lui arrive de sous-entendre des choses qui n’existent pas. Par exemple, « les autres ont une maison en ordre », il se démotive alors et culpabilise si la sienne ne l’est pas. Ainsi, lui, constate son incompétence tous les jours… Une autre personne ne remettrait pas en cause son estime de soi ou sa compétence parce que son chez-soi n’est pas rangé.
    ✓ Le regard de l’autre : si la valeur de la personne dépend de ses actes, elle dépend aussi des autres, de ceux-là même qui jugent les actes. L’opinion de chaque personne est importante. « Rien n’empêche tant d’être naturel, que l’envie de paraître ». Il pense aussi rapidement qu’un autre a vu son erreur donc va le juger, il fait une inférence arbitraire.
    → Le fait de fonctionner dans l’évaluation permanente de ce que pensent les autres, et dans le jugement de sa personne correspond au syndrome de la double performance.
    ✓ L’abandon pour cause d’imperfections : leur place n’est jamais acquise, ils doivent la mériter et travailler sur leurs performances pour se faire accepter par les autres.
    ✓ La focalisation sur les détails : dès qu’il repère une erreur, il ne sait pas en faire abstraction. Ainsi, un détail est extrait d’un ensemble satisfaisant, c’est l’abstraction sélective.
    ✓ Des attentes très élevées : envers eux et envers les autres. Atteindre des objectifs élevés est le moyen de répondre à son besoin de reconnaissance et d’estime. Il a peur de ne plus être aimé s’il n’est pas excellent. Il trouve la récompense dans l’appréciation de l’autre, et non dans celle qu’il peut tirer lui-même de son action.
    ✓ La généralisation : les imperfections sont généralisées : « c’est toujours la même chose ». La personne ne reste pas précise dans son autocritique, elle ne juge pas son erreur présente mais aussi toutes les précédentes en généralisant.
    ✓ La dichotomie : tout ou rien. Soit je suis génial, soit je suis nul.


    Au niveau des relations:


    ✓ Les relations intimes : les personnes choisies sont souvent perfectionnistes également, ou au moins exigeantes. En couple, le risque est que la personne perfectionniste n’écoute pas les compliments du conjoint, mais remarque le négatif, les petites remarques. A force, le conjoint ne fait plus l’effort car il ne se sent pas entendu.
    ✓ Les relations avec les enfants : ils peuvent être désirés sans faille et penser qu’ils ne seront jamais à la hauteur.
    ✓ Les relations avec les parents : les parents peuvent être idéalisés, demandeurs d’excellence.
    ✓ Les relations sociales : celles-ci ne sont pas nombreuses. Le jeu a un attrait performant et non ludique.

     

                 Anne-France Dinant

  • Bribes sur le véganisme : la végéphobie.

    • Le 16/05/2022

    La végéphobie: qu'est-ce ? 

    La végéphobie est la négation de la possibilité du végétarisme. Le but est de tourner en ridicule les partisans de ce régime, pour au fond, se moquer des animaux. Frapper les uns, pour frapper les autres. Les animaux sont alors vus comme des personnes insensibles qui n’ont pas de besoins de vie et de liberté (Chauvet, 2008).

    Divers comportements ont pour but de dissuader quiconque de remettre en question les pratiques spécistes. En tant qu’opposants à la domination humaine, à la consommation de viande, les végétaliens sont confrontés à des réactions violentes. Une solidarité s’organise facilement contre  ceux-ci, des moqueries très fréquentes peuvent aller jusqu’à une sensation d’harcèlement pour ceux qui les subissent, certains préfèrent alors ne plus mettre en avant leur choix alimentaire (ibidem). Chauvet (2008) détaille les différentes sortes de railleries que peuvent vivre les végétaliens :

    - la sensibilité : les moqueries liées à la sensibilité tentent de montrer que l’implication du végan est irrationnelle, qu’elle repose sur des émotions puériles, de la « sensiblerie ». Celle-ci peut renvoyer à un manque de maturité (« Ça te passera ! ») ou à une certaine féminité (« Tu n’es qu’une fillette ! ») ;

    - le goût de la viande : « moi j’adore la viande, tu ne sais pas ce que tu rates ! ».  Le but est de réduire la disproportion entre l’intérêt des animaux à vivre et l’intérêt des humains à les manger ;

    - la possibilité du végétalisme : « mais tu manges quoi, alors ?! ». Il est courant qu’un végétalien ne puisse avoir de plat végétalien au restaurant ou en famille.  Fréquemment, il se voit servir « innocemment » un produit d’origine animale. Il ne pourra donc pas manger ou devra se forcer. S’il ne mange pas ce qu’on lui a servi, il lui sera reproché d’avoir une attitude non convenable socialement, et d’avoir un mode alimentaire en quelque sorte invivable ;

    - les végétaliens invisibles, le déni : la négation de la possibilité du végétalisme est une violence symbolique, elle revient à une négation de la propre existence de la personne. À force d’entendre que les végétaliens n’existent pas, ceux-ci se sentent anormaux, marginaux.  Le véganisme, et même déjà le végétarisme, sont en quelque sorte un sujet tabou : c’est comme si ce mode de vie n’existait pas. Il n’y a la plupart du temps pas de menus adaptés au restaurant ; le végétarisme des personnes célèbres n’est pas mentionné dans leur biographie, etc. 

    - des motivations éthiques invisibles ou la dévalorisation de l’éthique : le végétarisme est souvent dépolitisé. Les arguments expliquant le refus de consommer des produits d’origine animale sont  passés sous silence. En effet, ce mode de vie est fréquemment présenté comme un choix individuel, se basant sur des caractéristiques psychologiques propres à la personne, en quelque sorte une difficulté à s’adapter à la société. Le but est de ne pas faire passer le message qu’ils tentent de transmettre, de nier l’aspect éthique et politique de leur choix.

    - le refrain du tout-se-vaut ou le relativisme : une discussion prend parfois fin lorsque cette pensée est exprimée : « chacun pense ce qu’il veut ».  Si chacun pense en effet ce qu’il veut, cela signifie que toutes les opinions peuvent être respectées. De cette sorte, le carniste met fin à la discussion car implicitement, cela revient à dire « je respecte ton choix de vie, donc respecte le fait que je mange de la viande ».  

    - les objections absurdes : « la salade, elle vit aussi ! ». Des raisonnements illogiques et infondés sont prononcés pour prouver que le végétalien fait aussi des choses incorrectes. La pertinence du contenu n’a pas d’importance, les discussions censées sont rares.

    Cole et Morgan (2011) ont réalisé  une étude de contenu des journaux britanniques sortis en 2007. Ils en ont conclu que ceux-ci marginalisent les végétaliens. Ils les discréditent par le ridicule, les faisant passer pour des sentimentaux, des maniaques, dont le mode de vie est très difficile à tenir, voire impossible. Pour les auteurs, cela marque clairement la reproduction culturelle du spécisme et l’incitation à la végéphobie.

     

                                                                                   Anne-France Dinant

     

  • Bribes sur le véganisme : l'antispécisme.

    • Le 16/05/2022

    Le spécisme et l’antispécisme... qu'est-ce?

    Nous vivons dans un monde spéciste (mot inventé en 1970 par Ryder, psychologue britannique), c’est-à-dire que l’homme est placé au-dessus de toutes les autres espèces. Il décrit le spécisme comme l’« idéologie dominante qui prône la supériorité des humains sur les autres animaux, et qui demande qu’on privilégie les intérêts des premiers, aussi dérisoires soient-ils, même quand ils lèsent les intérêts fondamentaux des seconds » (Olivier, 2011). Le spécisme a comme sous-idéologie, le carnisme. « Il est l'éthos, ou l'arrière-plan culturel, qui rend le carnisme possible » (Joy, 2010).

    La théorie de l’évolution (« On the Origin of Species », 1859) développée par Darwin montre que la différence entre l’homme et l’animal est une différence de degré et non de nature. Pour Cavalieri (1992), le spécisme est comparable au racisme ; celui-ci viole le principe d’égalité en accordant plus de poids aux intérêts des membres de sa propre race, quand ces intérêts sont en conflit avec ceux des membres d’une autre race (in Jeangène Vilmer, 2010).

    À l’inverse, être antispéciste, c’est  « ne pas faire de l’appartenance à une espèce un critère discriminant de considération morale ». Bentham (1789) incorpore dans son système éthique la base fondamentale du principe d’égalité morale : « chacun compte pour un et nul ne compte pour plus d’un ». Tous les intérêts d’un être pouvant être affectés par un acte, ceux-ci doivent être pris en compte, quel que soit l’être dont ce sont les intérêts, avec le même poids que le sont les intérêts semblables de tout autre être.  À ce propos, il explique, « les français ont déjà découvert que la noirceur de la peau n’est en rien une raison pour qu’un être humain soit abandonné sans recours aux caprices d’un bourreau. On reconnaîtra peut-être un jour que le nombre de pattes, la pilosité de la peau, ou la façon  dont se termine le sacrum sont des raisons tout aussi insuffisantes pour abandonner un être sensible à ce même sort. Et quel autre critère devrait-on prendre pour tracer la ligne infranchissable ? Est-ce la faculté de raisonner, ou peut-être la faculté de discourir ? Mais un cheval ou un chien adultes sont incomparativement plus rationnels, et aussi ont plus de conversation, qu’un nourrisson d’un jour, d’une semaine ou même d’un mois. Et s’il en était autrement, qu’est-ce que cela changerait ? La question n’est pas : "peuvent-ils raisonner ?", ni : "peuvent-ils parler ?", mais : "peuvent-ils souffrir ?" » (in Jeangène Vilmer, 2011).

    Pour Singer également (2007), « c’est la capacité à souffrir et/ou à ressentir du plaisir qui seule est capable de fournir un critère défendable pour déterminer où doit s’arrêter la prise en compte des intérêts des autres ».

                                                                                              Anne-France Dinant

  • Bribes sur le véganisme : l'entourage.

    • Le 16/05/2022

    Passage de ma recherche sur le véganisme : 

    Quelles sont les conséquences du véganisme sur leur entourage ? 

    Les conséquences du véganisme sur l'entourage sont multiples et varient d'une personne à l'autre. Nous dénombrons trois types de réactions distinctes, tant dans le cercle familial que dans le cercle amical, parmi lesquelles se dégage une tendance générale. La majorité de notre échantillon décrit l'apparition de difficultés lorsqu'elle confronte son entourage au mode de vie vegan. Celles-ci proviennent de la végéphobie des proches.  Ils font preuve de résistance ou de résignation face au changement par la manifestation d'une difficulté d'adaptation: incompréhension, plats inadaptés, moqueries, préjugés. A coté de cette tendance générale, la résistance de certains proches (famille, amis) peut aller jusqu'au rejet de la personne végane. A contrario, certains végans se sentent acceptés tels qu'ils sont par leurs proches : absence de railleries, adaptation des plats.

    A l'aide du SSQ6 (Questionnaire de soutien social de Sarason), nous avons évalué le soutien social perçu ainsi que la satisfaction se rapportant à celui-ci. Les résultats semblent suivre une certaine logique: plus les sujets pensent pouvoir compter sur des personnes, plus ils en sont satisfaits ; et inversement. La majorité de notre échantillon est satisfait du soutien social qu'il reçoit à toute occasion.

    Lors des entretiens, nous avons sondé les personnes sur le soutien qu'elles reçoivent dans le cadre de leur mode de vie. La majorité de celles-ci affirme ne pas ressentir le besoin d'être soutenues dans leur démarche. Néanmoins, elles déclarent pouvoir trouver du soutien auprès de leur nouveau réseau social, constitué de personnes qui militent pour la même cause.

    Nous pouvons émettre l'hypothèse que le véganisme est mal accepté par les proches des personnes faisant ce choix de vie. Quelque soient les conséquences du mode de vie vegan sur les proches, le soutien dans cette démarche ne provient jamais de l'entourage d'origine, mais du nouveau réseau formé par la personne végane.       

                                                 Anne-France Dinant

  • Suivi en ligne

    • Le 16/05/2022

    Le moyen de consulter lorsque vous ne résidez pas tout près, lorsque vous préférez rester chez vous, ou autre :-). My project 1

  • Bribes sur le véganisme : la satisfaction.

    • Le 16/05/2022

    Sujet bien plus actuel actuellement, il y a 10 ans la littérature sur le sujet était encore rare et peu de gens connaissaient ne serait-ce que le terme "vegan". 

    J'ai décidé de partager quelques passages de ma recherche sur le sujet:

    Quelles sources de satisfaction les végans tirent-ils de leur façon de vivre ? En découle-t-il un certain bien-être ?

    Lorsqu'il y a une discordance entre nos comportements (manger des animaux) et nos valeurs (l'antispécisme),  nous ressentons un grand inconfort moral.

    Pour diminuer celui-ci, il y a trois possibilités : changer nos comportements pour qu’ils soient en harmonie avec nos valeurs, changer nos valeurs pour qu’elles correspondent à nos comportements, ou changer la perception que nous avons de nos comportements de façon à ce qu’ils semblent cohérents avec nos valeurs.

    Les végans privilégient la première possibilité, en essayant de rapprocher leur pratique au plus près de leurs convictions. 

    La majorité de l'échantillon évoque un sentiment de cohérence entre leurs valeurs intimes et leurs comportements. L'opposition à l'exploitation des animaux, de la planète,  et des humains est transfiguré dans le comportement des personnes véganes, par le boycott des produits provoquant le souffrance animale. Ce ressenti peut mener à une meilleure perception de soi. Il peut découler une certaine satisfaction de cette cohérence et de cette meilleure perception de soi.

    Le mieux-être ressenti peut également être physique, et se manifester par une meilleure forme, moins de maladies, de douleurs et d'allergies.

    Le véganisme en tant que mode de vie altruiste, peut certes mener à des bénéfices personnels, bien que ceux-ci ne soient pas le but recherché.

    Nous posons l'hypothèse que le bien-être exprimé par la majorité de notre échantillon correspondrait à la diminution de l'inconfort moral expliqué ci-dessus. En effet, ces personnes doivent aussi apprendre à vivre avec la conscience de la réalité de l'exploitation animale fondé sur le spécisme, et côtoyer au quotidien la souffrante et la mort des animaux.                                                                                      Anne-France Dinant 

  • La procrastination

    La procrastination. 

    La soif de parfait peut avoir des effets pervers : l'incapacité à entreprendre. En effet, ne rien faire permet d’éviter la douloureuse comparaison entre ce que l’on espérait et ce que l’on réalise.

    La peur génère une angoisse qui peut aller jusqu’à la paralysie. Confrontées à une tâche importante, les personnes qui en souffrent ont tendance à, soit se mettre au travail de manière frénétique, soit procrastiner. Cela correspond plus à un processus d’évitement et de protection qu’à une volonté d’échouer ou de la paresse. Pour ne pas à avoir à affronter la tâche, elle est remise à plus tard, voire à jamais. Aussi, si la personne s’y prend à la dernière minute et qu’elle échoue, elle pourra attribuer le résultat négatif au fait qu’elle ait manqué de temps.

    Cette tendance à éviter les situations lorsqu’on a l’impression d'être jugé se retrouve chez le phobique social. Ce dernier adopte une attitude perfectionniste dans sa recherche de l'approbation des autres. Il perçoit que ses exigences élevées ont été fixées par les autres, bien qu'il soit généralement beaucoup moins exigeant envers les autres qu'envers lui-même. Ainsi, il possède la croyance : «je dois être parfait sinon les autres ne m'aimeront pas ». D'autres individus perfectionnistes sans phobie sociale sont conscients qu'ils se fixent eux-mêmes ces exigences trop élevées et possèdent, eux, la croyance : «je dois être parfait, sinon je ne m'aimerai/me respecterai pas ».

    Dans l’immédiat, ce que nous avons tendance à regretter, ce sont surtout les choses que nous avons faites (lorsqu’elles ont échoué, bien sûr). Mais sur le long terme, ce sont plutôt les choses que nous n’avons pas faites, nos intentions qui n’ont pas été réalisées.  Le procrastinateur vit avec ce cercle vicieux : 

    Je ne fais rien --> Pas de réussite, mais pas d'échec non plus --> Je ne prends pas confiance en moi grâce à mes réussites --> Ma peur de l'échec augmente --> Je ne fais rien ... 

    En voici un qui donnerait de meilleurs résultats : 

    J'ose faire --> Si je rate je recommencerai --> Si je réussis, je prends davantage confiance en moi --> Ma confiance en ma réussite augmente --> J'ose faire ...

     La prise de risque augmente la confiance en soi.

    Pour combattre la procrastination, une des tactiques est de se faire un planning, et de s’y tenir. Par exemple, en divisant une tâche en plusieurs parties.

                        Anne-France Dinant

                         

  • Le faux-self

    Le faux-self chez l'enfant (notamment à hauts potentiels).

    Lorsqu’un enfant s’adapte de manière forcée à son environnement, il accélère la maturation de son développement. Si l’écart entre ce qu’il trouve et ce qu’il attend ne dépasse pas ses capacités d’adaptation, alors l’intégration peut s’effectuer et l’enfant va pouvoir s’approprier ses potentiels et découvrir des solutions personnelles. Si, au détriment de son propre rythme, l’enfant doit nécessairement trop s’adapter aux désirs de l’environnement, un conflit entre ses besoins internes et la réalité se développe. Deux solutions se présentent à l’enfant : développer des symptômes de mal-être ou se suradapter et accélérer la maturation  de son développement. C’est ce dernier mécanisme que Winicott a appelé « le faux-self ».

    Dans le cas d'un faux self établi chez une personne avec un potentiel intellectuel important, le faux self a tendance à siéger dans l’esprit. L’individu est en souffrance, même si cela ne se voit pas toujours. Il est possible que cette souffrance s’accroisse plus la réussite académique et sociale sera avérée, avec un sentiment de « fausseté » apparente.

    Le faux self a une fonction positive nécessaire : l'adaptation et la protection du vrai self. C’est donc le déséquilibre des rapports entre les deux « self », une scission trop importante, qui peut induire et indiquer un état pathologique. Ainsi, chez certains enfants, le faux self va prendre toute la place en grandissant. Ils peuvent devenir brillants et recevoir les encouragements, l’admiration, mais se sentir de plus en plus seuls, vides et malheureux. Les conséquences de ce faux self sont un perfectionnisme, le déni de leurs émotions, des relations humaines empreintes de culpabilité ou de honte, des pulsions agressives, ou encore une dépression. ll arrive un moment où les tensions entre le vrai et le faux self deviennent trop fortes. Un processus d’autodestruction peut alors s’exprimer de diverses manières : affections psychosomatiques, auto-mutilations, etc.

    Restreindre son faux self et retrouver son vrai moi donne un sentiment de sécurité et un apaisement.

    Sebire & Stanilewicz (2018) appelle « le syndrome de l’albatros » le fait que certains enfants renoncent à leur intelligence pour se sentir comme les autres.

     

                                                  Anne-France Dinant